
Début 2005. La 404 est au fond de mon garage depuis bientôt quatre ans. C'est un des problèmes de la voiture ancienne : quand on a trouvé un endroit bien profond pour la garer, on n'y touche plus. Le pire, c'est quand on commence à poser des choses dessus... La 404 est sous une bâche, enterrée sous un fatras de pièces, cartons, etc. Il me fallait une bonne raison pour commencer les travaux, et cette bonne raison, maintenant, je l'ai : le rallye « Nationale 7 - Eté 65 » aura lieu au mois de juillet 2005, et c'est avec la 404 que j'ai décider d'y aller... Je commence donc l'inventaire des pièces à remplacer et je fais mon "marché" à Rétromobile. Quitte à remonter la voiture, autant limiter les causes probables de panne à l'avenir. Je vais donc monter en neuf tout le système de freinage, refaire l'allumage, remplacer le radiateur, l'embrayage et même le réservoir d'essence, puisque le Club 404 en dispose de neufs, fabriqués en Argentine. C'est Denis Mahaud, le sympathique patron de Melun Retro passion, qui me fournit l'essentiel des pièces.

Au mois de mars, tout peut commencer. la première étape commence par le remontage du moteur dans la voiture, après avoir changé l'embrayage. Mon ami Arnaud Couturon, collectionneur lui-aussi, vient me donner un coup de main, et le moteur trouve sa place sans problème. La 404 est une voiture très simple, sans surprise. Il y a de la place dans le compartiment moteur, et tout s'enclenche doucement. Je raccorde l'échappement et l'admission, remonte les accessoires : carburateur, dynamo, démarreur, etc. J'ai la chance d'avoir la voiture de Jérôme Roussel, du Club 404, qui n'est pas très loin, et qui est de la même année: elle me sert de modèle pour le remontage, particulièrement pour rebrancher toute l'électricité (Je rappelle que j'ai achetée la voiture déjà démonté). Je monte le nouveau radiateur, en ayant pris soin de changer toutes les durites, y compris pour le chauffage. Au mois de mai, tout est prêt pour faire le premier essai de démarrage... Le moteur tourne facilement à la manivelle, trop même, comme s'il avait peu de compression : les segments doivent être un peu collés au fond de leur gorge. Je verse un peu d'huile dans les cylindres, je fait plusieurs tours de manivelle à la main. Au deuxième essai de démarreur, le moteur part, la pression d'huile s'éteint immédiatement au tableau de bord. Le régime est un peu élevé, mais il tourne régulièrement. Par contre, le parking se remplit doucement de fumée. Je ne suis pas surpris, j'ai déjà remarqué ça lors du démarrage de moteurs restés longtemps sans tourner. Au bout de quelques minutes, les segments se sont décollés, et le moteur a récupéré un taux de compression normal. Bon, ma principale angoise concernant l'état du moteur disparait : celui-ci a bien 58 000 km, et semble en bon état.

Les freins étaient restés d'origine. inutile d'essayer de récupérer le maitre-cylindres et les cylindres de roues, ceux-ci sont soudés par la rouille. Même si je parvenais à les dégripper, l'étanchéité serait mauvaise. Je démonte donc les tambours et les garnitures. Je voudrais dégripper également les cames de réglage des garnitures, mais celles-ci ne bougent pas. En les arrosant de dégrippant, en forçant avec une clé carrée de la bonne taille, rien à faire, ces maudits carrés semblent soudés aux flasques, et je ne voudrais pas arrondir complètement les vis... Un phénomène que me confirment d'autres membres du Club 404, certains ayant même renoncé à les régler ! Finalement, c'est au cas par cas, avec l'aide de mon beau-père, que nous arrivons à les dégripper, à l'aide d'un chalumeau et d'un bac à glace. On chauffe la flasque au rouge, on pose un glaçon sur le carré, puis on force avec une pince-étau. Dès que ça bouge un peu, on arrose d'huile, puis la came se met à tourner librement... Ouf ! Je peux enfin tout remonter : le maitre cylindre et les six cylindres de roues (il y en a deux par roues à l'avant), les flexibles et les garnitures.

Nous sommes maintenant le dimanche 3 juillet 2005. Les choses commencent à urger, car le rallye part dans une semaine. La voiture n'a pas encore roulé, en l'absence de freins. Quatre membres du Club 404 doivent venir mardi soir pour m'aider à terminer les derniers réglages. Je remplis le circuit de liquide de frein silicone. Celui-ci a la particularité d'être imperméable, ce qui empêche la condensation, principale cause de corrosion, surtout pour des autos qui roulent peu. Soudain, sous la voiture, j'aperçois une flaque de liquide. Un flexible doit être mal serré. Malheureusement, le problème est plus grave : je l'ai justement trop serré, et le cylindre de roue est carrément fendu ! Il faut le remplacer. Par acquis de conscience, je regarde de l'autre côté : même problème ! Il faut redémonter tous les freins avant et retrouver en urgence deux cylindres neufs. Mon moral fait du coup une grosse chute... Lundi matin, je téléphone aux Ets Etient, les spécialistes du frein, à Neuilly (92). Ils ont les cylindres en stock, heureusement. Je fonce les chercher, et je les remonte, en soignant le serrage. Ça tient, et ça ne fuit pas...

Mardi soir, Yoann Nikodem, Michel Verdier (voir aussi la Ford T), Jean-Christophe Cartigny et Jerôme Roussel débarque à la maison : « Quoi, qu'il se passe, Thierry, on roule avec ta voiture ce soir ! » me rassurent-ils... Sans attendre, on règle les culbuteurs, le point d'allumage, le ralenti et la garde d'embrayage. Et, vers 21h00, la 404 sort du garage toute seule, et effectue quelques tours du quartier : tout fonctionne bien ! Les plus jeunes du Club 404 sont même surpris, ils n'ont jamais conduit une 404 avec si peu de kilomètres. Effectivement, l'ensemble est très homogène : pas de jeu dans la direction, pas de "rossignols", ces bruits parasites qui arrivent avec le vieillissement d'une auto... Il ne reste plus qu'à brancher les feux et à passer le contrôle technique. Je vais aussi changer les pneus, car ceux-ci, sans être usés, sont excessivement durs !

Je passe le controle technique sans problème le jeudi matin, ce qui confirme, s'il le fallait, le bon état de cette 404. Tout juste un peu de corrosion normale et superficielle sur le chassis. Reste les pneus : problème, même si la taille (165 x 380) est toujours disponible, elle est devenue rare, et personne n'en avait en stock : j'ai téléphoné à plusieurs détaillants, et c'est finalement les Ets Vaisse, à Paris 15e, qui me les ont promis pour le jeudi après-midi. J'y vais. Malheureusement, il y a eu une erreur, et les pneus ne sont pas là. Le chef d'atelier est très embêté, c'est aussi un très bon professionnel qui connait bien les voitures anciennes. Il me garantit les pneus pour le lendemain matin et, pour s'excuser, m'octroie une large remise. Vendredi 8 juillet, la voiture est enfin prête à partir. Je ne regrette pas d'avoir remplacé les pneus, elle y a gagné beaucoup de confort. Je vais profiter du samedi pour passer un coup de polish sur la carrosserie... En reculant la voiture à la main, pour commencer à passer le produit, nouvelle surprise : je trouve une énorme flaque d'huile sous l'auto (heureusement que je n'ai pas démarré). C'est la cloche du filtre à huile qui s'est desserrée... J'espère que ça n'arrivera plus : il faut toujours verifier les serrages quelques jours après.
Dimanche 10 juillet, ça y est, enfin : Ma Peugeot 404 est Place d'Italie dès 8h00, prête à partir pour Menton !
(A suivre)
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