2 novembre 2006

Triumph Bonneville 1967 : 01- Arrivée dans le garage

Tout commence vers 1980... En marchant dans la rue, je tombe en arrêt devant une moto garée sur le trottoir dont la ligne me séduit immédiatement. Il y a dans cette moto un côté rétro qui me plait. Il s'agit en fait d'une Yamaha 650 XS. A l'époque, je n'ai pas encore 20 ans, ni le permis moto. Pas question donc d'en acheter une... Quelques mois plus tard, je trouve un article un peu nostalgique consacré à la mythique Triumph Bonneville, toujours fabriquée au compte-goutte à cette époque. En fait, la Yamaha 650 XS, qui m'avait attiré l'oeil, n'était qu'une sorte de copie (améliorée ?) de la Bonneville, la Triumph T120. Plutôt que la copie, c'est le modèle original qui m'intéresse ! Le ver est dans le fruit. Si j'ai une moto un jour, ce sera une Bonneville !

Les années passent. En 1986, j'obtiens mon permis moto à l'armée, en Allemagne, passé sur une BMW série 2 des années 50, qui ne sert qu'à ça (Celle-là aussi, j'en aurai une un jour, pensais-je déjà à l'époque ! Il faudra attendre 2005). Je pense toujours à la Triumph Bonneville mais, à cette époque, le mouvement des motos anciennes n'est pas aussi développé, et je n'ai pas les connaissances pour trouver l'oiseau rare... Il existe à Paris, un magasin spécialisé dans les vieilles Anglaises et les custom Harley : Highway 66, rue Championnet, dans le 18e arrondissement. Je pousse la porte, et je rencontre Jean, le patron, très sympa. Il a justement une Triumph en dépot-vente, un modèle 67. C'est une TR6 (un seul carbu) modifiée en T120 Bonneville (deux carbus). Elle a été un peu "chopperisée", comme on le faisait dans les années 70 : un guidon US plus haut, des ressorts de fourche avant chromés et des pots d'échappements courts. Rien d'irréversible, heureusement... Je fais un petit essai dans la rue, pas très évident (le levier des vitesses est à droite). J'arrive à la redémarrer au kick, ça va, tout à l'air OK. Le prix est correct.

Une semaine plus tard, j'ai pris ma décision, et je viens la chercher en métro, mon casque sous le bras, un vendredi soir de décembre 1988. Je repars et j'arrive à rentrer à Vincennes, où j'habite chez mes parents. Je gare la moto devant le commissariat de police, s'agirait pas qu'on me la vole dès le premier jour ! Le samedi matin, je me précipite : ça va, elle est toujours là. Je vais pouvoir rouler un peu. Je suis le processus de démarrage : ouvrir l'essence, titiller les carbus jusqu'à ce qu'ils débordent, contact. Coup de Kick... Rien. Je recommence plusieurs fois... Rien. Malgré la température hivernale, je suis en sueur, et l'odeur d'essence qui vient de la moto ne trompe pas : elle est noyée... Inutile de continuer comme ça, d'autant que les flics du commissariat me regardent en riant. J'emmène la moto en la poussant jusqu'à chez moi, je vais faire un essai de descente dans la rampe du parking.

Arrivé chez moi, j'ouvre la porte du parking, J'enclenche la seconde, je débraye, et je commence à la laisser descendre, j'embraye à nouveau... Rien, pas la moindre explosion. Je vais finalement passer le samedi complet à essayer de la faire démarrer, démontant les bougies tous les 10 coups de kick pour les sêcher, sans réussir à la faire pêter au moins une fois... Je commence à fatiguer sérieusement, je me prends aussi quelques retours de kick... Mon conseil dans une situation identique : ne pas s'obstiner, ne pas hésiter à laisser reposer la moto (et son propriétaire) une demi-heure... Et puis, miracle, en fin d'après-midi, elle démarre enfin ! A partir de là, je n'aurai plus jamais de problème pour la faire partir, en deux coups de kick maximum... Aujourd'hui encore, je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle n'avait rien voulu savoir ce matin-là : une sorte de test de son nouveau propriétaire ? Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?

Je découvre au même moment le film "The Wild One" (L'équipée sauvage, 1953), dont je parviens à me procurer une cassette VHS en anglais : Marlon Brando chevauche une T-Bird pour emmener sa bande mettre une petite ville paisible à feu et à sang. Je vais pouvoir me lancer sur ses traces avec ma Triumph, d'autant qu'elle redémarre maintenant sans problème à chaud !

Caractéristiques de la Triumph T120 Bonneville 1967
Moteur 2 cylindres verticaux, 649 cm3
Puissance : 48 CV SAE
Boite 4 rapports
Vitesse : 172 km/h
Poids : 170 kg environ

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai aussi partagé les passions de ce monstre très délicat à piloté sous la pluie ou sur les rails de "trams" bruxellois. Qu'elles vibrations, elle en perdait ses caches culbuteurs.

P. Sterckx