En 1999, mon ami Modeste Tréhin, pilier du Club Hispano-Suiza me parle d'une vieille camionnette Citroën qu'il possède depuis une trentaine d'année, stockée au sec à Plaisir, dans les Yvelines. Eveillant mon intérêt pour les véhicules utilitaires, il m'invite à venir la voir. Il ne sait plus si c'est une B2, une B12 ou une B14... Quelques jours plus tard, je découvre l'auto dans son hangar, endormie sous une épaisse couche de poussière. La cause est entendue, elle va rejoindre mon parc !
Je la rapatrie sur un plateau jusqu'à la Garenne-Colombes, ce qui me permet de la détailler un peu mieux, et surtout de l'identifier. Le radiateur plat, les ailes et les roues indiquerait plutôt une B14, mais la plus grosse partie mécanique : chassis, moteur, boite provient d'une B12. Des pièces de B2 complètent l'ensemble. Cette voiture est une reconstruction totale d'après-guerre, une époque où le manque de véhicules neufs et les prix élevés en occasion a vu fleurir tout un tas de véhicules utilitaires issus du système D... Cette camionnette, c'est un artisan de Vélisy, menuisier-ébéniste qui l'a reconstruite pour son usage personnel. La caisse est en chêne, les panneaux en aggloméré. Elle a été construite en fonction du format des vitrages "sécurit" de récupération. Au premier coup d'œil, on pourrait la prendre pour un petit bus d'hotel, avec toutes ses fenêtres, mais elle n'a que deux portes latérales et un hayon à l'arrière. Le pare-brise est un peu bas, surmonté par un cache-soleil qui tient plutôt du buffet de cuisine : notre artisan devait faire plus souvent des meubles qu'une carrosserie ! Néanmoins, elle est légèrement formée en courbe, ce qui allège la ligne...
Pour la mettre à l'abri dans le parking se pose un premier problème pratique : La hauteur. L'entrée est limitée à 2 m, et la B12 mesure 2,10 m ! Dégonfler les pneus n'est pas la bonne solution, car la voiture ne pourrait pas remonter la rampe avec des pneus dégonflés... Deuxième solution : monter des petites roues de Mini en 10 pouces à l'arrière. Il suffirait de les repercer au bon écartement des goujons, et les démonter une fois dans la rue. Simple, mais quand même peu pratique... On peut aussi charger la voiture et l'écraser sur ses suspensions. Je fais l'expérience en embarquant plusieurs copains, pour atteindre 300 kg. La voiture s'est abaissée de 3 cm... Costaudes, les suspensions ! Si je dois charger et décharger une tonne à chaque sortie, ça va être difficile. Finalement, en examinant la voiture, je trouve la solution : il y a une trappe sur le plancher arrière au dessus du pont : avec une grosse sangle à cliquet, je peux brider le chassis sur le pont, et gagner les quelques centimètres pour passer la porte !
Pour la première descente « en roue libre » dans le garage, comme j'ignore l'état des freins, je dispose quelques pneus au fond du parking pour amortir une descente trop rapide. Heureusement, les freins, à défaut d'être modernes, fonctionnent assez pour ralentir... La voiture s'immobilise sans soucis. Le projet est simple : laisser la camionnette au maximum dans son jus, vu son état d'origine. Remettre en route la mécanique, ce qui ne devrait pas poser de problème... Quoique... En vidangeant le moteur, je vois dégouliner une espèce de pâte molle, comme si l'huile était devenue solide... Va falloir nettoyer tout ça... D'autant que là où elle est, elle ne peut plus sortir que par ses propres moyens, maintenant !Caractéristiques de la Citroën B12 1926
Moteur 4 cylindres à soupapes latérales, 1452 cm3
Puissance : 20 CV réels - 10 CV fiscaux
Boite 3 rapports
Vitesse : 60-65 km/h
Poids : 900 kg environ
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