8 mars 2011

Ford T Speedster - 04 : Ça roule !


Début janvier 2011, je retourne à Stenay où je retrouve Pierre Malingreau. Les travaux ont bien avancé et Jean-Pierre Hombert aligne deux des trois speedsters prêt à rouler ! Les radiateurs neufs sont enfin arrivés des USA. Nous ne pouvons nous empêcher de prendre le volant pour faire quelques longueurs dans la zone industrielle... Un vrai plaisir ! Le levier de changement de rapport du pont Rucksteel est en place, sur le côté gauche. Il tombe parfaitement bien sous la main, mais j'avoue ne pas avoir essayé de m'en servir : la faible longueur de notre piste d'essai ne le justifie pas... Il reste quelques finitions et tout le monde sait que c'est parfois très long : plaques d'immatriculations, bâche et feux arrière, etc...

En début d'année, nous avons reçu les dossiers de la FFVE pour les cartes grises de collection. Jean-Pierre passe les contrôles techniques à côté de chez lui. Tout est prêt pour l'immatriculation, qui sera effective en février, un mois qui passe rapidement, entre Rétromobile et un séjour à Grasse (avec une petite attente d'une heure et demie à la sous-préfecture pour obtenir la précieuse carte grise !)... Entretemps, Jean-Marie Frisque, le propriétaire du "Silk Road" qui nous a servi de modèle, entreprend de "vieillir" nos speedsters, avec une de ses recettes : passage au tampon gex, badigeonnage d'une mixture à base de vin, de brou de noix et autres éléments mystérieux...

Nous fixons la "prise en charge" des speedsters pour le week end du 4 et 5 mars 2011. Jean-pierre souhaitait que nous fassions une centaine de kilomètres autour de chez lui pour voir si tout allait bien, puis que nous les prenions sur un plateau... Avec Modeste, nous sommes bien décidés à les descendre par la route jusque dans l'Yonne ! Jean-Pierre est très angoissé, et je le comprends : il livre quatre vieux engins qui, même bien refaits, ne sont pas à l'abri des pannes !... Mais pour nous, il vaut mieux casser quelque chose au début, c'est moins grave que sur la route d'Avignon, prévue pour fin mars...

Bref, vendredi 3 mars, on se retrouve tous le soir à Stenay. Je "tamponne" les numéros d'immatriculation avec mon kit d'époque : ça y est, tout est prêt, les voitures sont en règle ! Nous allons faire le plein... Les réservoirs contiennent plus de 60 litres, ce qui nous autorise une bonne autonomie, entre 300 et 400 kilomètres. On rajoute un peu d'huile 2 temps pour soigner les soupapes. Jean-Pierre et son épouse Chantal ont concocté une grande boucle d'essai le lendemain, 160 kilomètres en Argonne. Sans assistance.

Samedi matin. nous quittons Stenay pour suivre un road book simple, à travers l'Argonne et ses champs de bataille. Il y a là nos trois speedsters beiges, plus celui de Jean-Pierre, noir avec ses roues fils, et la C4 d'un ami qui ferme la marche. Un peu d'angoisse pour la prise en main, mais je constate très vite que ces speedsters sont plus faciles à conduire que la camionnette : ils sont beaucoup plus légers, donc plus véloces, et le freinage est d'autant plus efficace que je dispose de freins supplémentaires à l'arrière, qui serrent les tambours par l'extérieur... La visibilité pour les manœuvres est aussi nettement meilleure ! Je peux enfin essayer le pont Ruckstell, et c'est une vraie découverte : le passage du crabot se fait facilement, et la vitesse passe facilement de 60 à 80 km/h, sans effort, même en rodage !

Nous faisons un arrêt au cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon, en guise d'hommage au pays d'origine de la Ford T, puis d'autres, à Varennes en Argonne, où s'est achevé la fuite de Louis XVI en 1791, ou sur les champs de bataille de la forêt d'Argonne, et pour finir sur la butte de Montfaucon, village martyr des combats de 1916... Non sans avoir pris le café chez un ami collectionneur qui a entièrement reconstruit une Ford T ambulance de 1917... Le bilan de ce premier galop d'essai est très positif : les voitures n'ont connu que des incidents mineurs, facilement réparés. le soir, nous faisons le tour des voitures et recomplètons les niveaux... Jean-Pierre est plutôt rassuré quand à la fiabilité des mécaniques.

Dimanche 6 mars, 8h30. tout est prêt pour le grand départ. Si Pierre doit venir chercher son auto avec un plateau pour l'emmener en Belgique, nous avons prévu avec Modeste de faire 170 kilomètres pour aller de Stenay à Colombey les Deux Églises, en Haute-Marne. On prend la route avec un peu d'angoisse. Laurent Bonfils, qui est parti aux aurores de Paris, nous rejoint une heure plus tard à Verdun en voiture moderne : il nous suivra toute la journée et, en cas de problème, c'est plutôt rassurant... Verdun, puis la Voie Sacrée jusqu'à Bar-le-Duc, puis St-Dizier, où l'on pique-nique avant de traverser la ville. Ça roule sans soucis, au point que nous arrivons à Colombey à 14h 30 ! On aurait presque pu aller jusqu'à Merry dans la foulée ! Mais nous en profitons pour nous balader dans le village, entre le cimetière, la Boisserie et le mémorial du Général de Gaulle... Le soir, après un bon diner, Laurent nous quitte pour rentrer à Paris. Nous, demain, on remet ça !

Lundi 7 mars, 8h 00. Nous quittons Colombey assez rassuré, même si on a rajouté plus d'un litre d'huile dans les moteurs : les Ford ont déjà plus de 300 kilomètres dans les roues, il n' y a pas de raisons que ça s'arrête ! Bar sur Aube, Bar sur Seine, Tonnerre... Tout se passe bien, sauf au moment où je perds un gant sans m'en apercevoir, en prenant une photo ! Il me faudra un quart d'heure pour faire demi-tour et aller le récupérer... Heureusement, j'ai les rapports longs pour rattraper mon retard, je retrouve Modeste à Chaource, où l'on s'arrête pour prendre un café et, bien sûr, acheter du fromage ! Finalement, nous arrivons à Merry sur Yonne un peu avant midi, après plus de 160 kilomètres. Jean-Marie Frisque nous y attend. Il est venu poser son speedster en prévision du prochain voyage, prévu à la fin du mois : le Raid Avignon 2011 : cinq speedsters d'Auxerre à Avignon pour participer au Trophée Potherat fin mars... Puis le retour, toujours par la route ! Une belle aventure en perspective !

9 janvier 2011

Triumph Bonneville 1967 : 02- Premières balades 1989 - 1994

Rouler sur cette Triumph Bonneville est un véritable plaisir... Je la découvre peu à peu en roulant dans Paris et je constate alors que les Anglaises, ça vibre ! Il faut fréquemment controler le serrage de tous les boulons !.. J'ai commencé par perdre ma plaque d'immatriculation du côté de la Bastille... Ça n'est qu'en arrivant chez moi que je m'en suis aperçu ! Puis j'ai perdu un jour, lors d'une accélération fulfurante, la chicane d'un pot d'échappement, réintroduite à coups de marteau. D'ailleurs, ces pots courts seront les premières pièces que je vais changer. Je les trouvais marrant au début, mais une Anglaise doit rouler avec ses pots "saucissons", ça fait partie du look !


Je vais aussi découvrir très vite qu'il n'y a pas de réserve lorsque la moto s'arrête un jour en panne d'essence près de la porte de Bercy sur le boulevard périphérique... Puis qu'il vaut mieux avoir sur soi un petit fusible de rechange (il n'y en a qu'un !)...  Au printemps 1989, lors d'un week-end en Normandie, je perds aussi le garde-boue avant, et je roule dessus  ! Impossible de le remonter... Ça fait très "chopper", surtout avec le guidon US, mais quand il pleut, c'est infernal : je suis obligé de me décaler pour voir quelque chose, une immense gerbe d'eau monte à plusieurs mètres de haut ! On fera quelques photos sympas sur la nouvelle déviation d'Honfleur (actuelle D144) : ses grandes courbes et la largeur des bas-côtés en faisait notre circuit de vitesse favori (Aujourd'hui, c'est plus dur, on y a mis des ronds-points et on ne peut plus doubler...). On roule sans casque, pour jouer les Easy Rider !...


Quelques temps plus tard, je vais travailler dans la location de voitures, et je me servirais nettement moins de ma Triumph, qui commence aussi à avoir de la bouteille, laissant à chaque arrêt de larges flaques d'huile sur le trottoir... Les carburateurs complètement usés sont impossibles à régler correctement. heureusement, mon frère Arnaud m'en ramènera deux neufs d'un voyage à Londres. Je confie la réfection du moteur à un garage spécialisé dans les mécaniques anciennes à Sartrouville qui me refait ça très bien... Ma Bonneville va pouvoir entamer une seconde vie !


Petite anecdote en passant : alors que je travaille dans la location de voiture porte Maillot à Paris, je suis pris d'une rage de dent. Une amie me signale son dentiste qui me prend d'ans l'urgence et me soigne très bien. au moment de payer, je le vois qui tique sur l'adresse du chèque : il habitait quelques années plus tôt dans le même immeuble à Vincennes. Puis il me dit : « Mais oui ! C'est pas vous qui aviez une vieille Triumph ? On l'entendait démarrer tous les matins à 6h30 quand vous partiez au boulot ! Quel boucan ! »
Heureusement pour moi, il m'avait déjà soigné !



23 décembre 2010

Peugeot 404 SL 1964 - 07 : Sièges en Cuir et Joint de Culasse.

Pendant l'été 2009, la 404 reste à Grasse. Je m'en sers peu, échaudé (c'est le cas de le dire) par le coup de chauffe qu'elle avait connu sur l'autoroute A7. Le radiateur avait été refait en 2005, il n' y a pas de raison qu'il soit deffectueux quatre ans et 15 000 kilomètres plus tard. Je pense à l'état du circuit de refroidissement dans le moteur, et je le nettoie plusieurs fois avec de la lessive St-Marc en paillette. Je fais tourner le moteur et je rince jusqu'à voir couler de l'eau claire...

J'en profite aussi pour régler d'autres problèmes, comme l'eau qui coulait dans l'habitacle les jours de grosse pluie. Je démonte la grille située entre le pare-brise et le capot pour accéder aux bouches d'aération extérieures. Je constate alors que l'évacuation d'eau (qui va vers les passages de roues avant) est bouchée des deux côtés, ce qui explique l'eau qui s'y amoncelait avant de déborder dans l'habitacle ! À l'aide d'un fil de fer, je nettoie les tuyaux en faisant attention de ne pas les esquinter.

J'ai aussi décidé de démonter les sièges en cuir pour un entretien complet. Ils sont en excellent état d'origine, sans déchirure ni griffure, mais commencent à devenir légèrement craquant... Ce serait dommage qu'ils s'abiment maintenant. Première opération, les nettoyer, à l'aide d'une grosse brosse et de savon. Là, c'est l'huile de coude qui compte, il ne faut pas mollir ! Rapidement, ils retrouvent une belle couleur, et sèchent facilement dans la chaleur de l'été.
Puis, avec un gros pinceau, je les recouvre totalement d'huile de pied de bœuf. Pas la peine d'acheter des produits spécifiques aux voitures, ce sont les mêmes que l'on trouve pour tous les harnais d'équitation, vendus nettement moins chers dans les grandes surfaces de sport. De même, l'huile s'étale beaucoup mieux, et pénètre plus rapidement que la graisse que l'on étale laborieusement avec un chiffon ! Très rapidement, l'huile pénètre le cuir et l'on peut s'assoir après quelques minutes sans avoir de marque sur les vêtements... Incroyable ! Je renouvelle l'opération deux fois et, à chaque fois, l'huile est absorbée par les cuirs qui retrouvent ainsi une belle couleur et de la souplesse. Pour bien faire, il faudrait renouveler l'opération tous les ans.

À la mi-août vient le moment du retour. Les quelques essais et le grand nettoyage du circuit de refroidissement me rassurent un peu. J'ai prévu de remonter par la N7 jusqu'à Aix, puis d'obliquer vers Apt où je dois déjeuner avec mon ami le dessinateur Jean-Luc Delvaux qui y passe ses vacances en famille. Je pars le lundi 17 août assez tôt. Tout va bien jusqu'à Fréjus, puis Brignoles. Là, je constate que la température s'est nettement élevée, autant dehors que dans le radiateur. Aïe, ça commence !
Devant la Montagne Ste-Victoire, avant d'arriver à Aix, je m'arrête et je démonte le calorstat. Vu la température qu'il fait, il ne sert à rien et freine (un peu) la circulation d'eau. Je reprends la route, ça chauffe, mais ça reste à la limite des 100°. Comme prévu, je quitte la N7 après Aix en Provence pour monter vers Apt. Je traverse la Durance à Lourmarin. La petite route est superbe, mais j'ai les yeux plutôt fixés sur la température d'eau ! Heureusement, il y a peu de circulation. Je passe le petit Col du Pointu (499 m) en chauffant beaucoup, mais la descente permet de refroidir un peu la mécanique...

Soudain, alors que j'arrive en bas de la descente, je vois arriver deux Ford T ! C'est plutôt rare sur la route. Je n'ai pas le temps d'attraper mon appareil photo qu'on se croise... Et là, je reconnais Jean-Pierre Hombert, le Docteur T au volant de la première ! Lui aussi m'a reconnu, surpris par la présence d'une 404 sur cette petite route... Je freine et fait demi-tour. Avec Chantal, sa femme, et un couple d'amis dans l'autre Ford T, ils descendent d'Apt à Marseille pour embarquer vers la Corse... Chapeau ! J'apprendrai plus tard que le voyage s'est passé sans problème, y compris sur l'Ile de Beauté. Moi, les yeux toujours rivés sur la température, j'arrive enfin à Apt où je déjeune avec la famille Delvaux... Autant laisser passer les heures les plus chaudes de la journée !

Pour repartir, je n'ai pas trop le choix... Pour ne pas multiplier les kilmomètres, je décide de couper par le Lubéron et de traverser Carpentras... Ça n'est pas lemeilleur choix. La voiture chauffe dans les montées, refroidit à peine dans les descentes. En arrivant à Carpentras, horreur ! La ville est complètement embouteillée, et il me faudra plus d'une heure pour la traverser, la température d'eau dépassant 100°... Le comble, c'est une pharmacie qui affiche un beau 35° lumineux : il s'agit du jour le plus chaud de l'été 2009 !... Je rejoins ensuite la Nationale 7 près d'Orange et je vais la suivre jusqu'à Lyon, où j'ai prévu de faire étape. Je m'arrête près de Livron pour remettre de l'eau, mais il en manque peu. Si je ne dépasse pas les 80 km/h, j'arrive à maintenir la température à la limite supérieure. J'arrive vers 21 heures à Lyon et je passe la nuit chez les Etienne... J'ai fait la moitié du chemin, ouf !

Le lendemain, je pars avant l'aube pour profiter de la fraicheur matinale... J'ai quelques craintes avec les 10 kilomètres de la montée de Tarare mais finalement, tout se passe bien et la température reste acceptable au col du Pin Bouchain. J'ai trouvé le rythme pour rester en dessous des 100° : ne pas dépasser 80 km/h, ne pas accélérer brutalement et se mettre en roue libre dans les descentes et ça va... Curieusement, j'ai une confiance totale dans la voiture, et je sais que tout va bien se passer... La robustesse des 404 est légendaire ! En fin d'après-midi, je marque l'arrêt à ND de la Route, au dessus de Montargis. même si on n'y croie pas, sa protection est gratuite, et toujours bienvenue !

Le soir, j'arrive enfin à Paris, et je gare la voiture dans le garage. Manifestement, elle a un problème de chauffe, sûrement le joint de culasse... J'ai quand même un doute, je ne trouve pas de trace d'eau dans l'huile... Curieusement, s'il n'y avait pas de manomètre d'eau, rien ne laisserai penser qu'elle chauffe : à aucun moment l'eau ne s'est mise à bouillir... Par acquis de conscience, je remplace quand même le radiateur par un neuf, ce qui ne résout pas le problème, la voiture chauffe anormalement... Il va falloir y passer, et déposer la culasse !
(À suivre)

20 décembre 2010

Ford T 1926 - 08 : Paris, Avignon, La Ferté-Alais, Normandie (2009)

Je récupère la Ford chez le Docteur T au mois d'août 2008. Elle a gagné un régulage de bielle et surtout 12 cm de plus dans l'habitacle, qui est ainsi plus profond et confortable ! J'aurai d'ailleurs l'occasion de me rendre compte en essayant d'autres Ford T qu'il vaut souvent mieux être petit pour être à l'aise... Étrange, car Henri Ford était plutôt grand... En même temps, Sylvain, le fils du Docteur T a aménagé deux banquettes rabattables à l'arrière... C'est plus sympa pour transporter du monde. Du coup, la roue de secours est passée sur le marchepied gauche (qui ne sert pas à grand chose en l'absence de porte côté conducteur). Autre chose, il faut trouver un radiateur neuf, celui d'origine, réparé, à montré ses limites : il fuit et doit encore être entartré. C'est un ami, pilote chez Air France, qui va m'en ramener un par container, économisant ainsi le prix du transport.

Le 4 janvier 2009 a lieu la 9e Traversée de Paris, organisée par Vincennes en Anciennes. Une balade très sympa aux premières heures de la journée, le premier dimanche de l'année... Il fait très froid, - 6°, mais la Ford démarre assez facilement dans le hangar de Depann 2000 à Nanterre, même si la température est à peu près la même que dehors ! À 6 heures du matin, je prends la route avec deux copains pour traverser la capitale et rejoindre le point de départ, sur l'esplanade du château de Vincennes. Une belle balade nous attend, sans temps mort : il y a très peu de circulation et Paris est livré aux anciennes !
L'itinéraire passe par la place d'Italie, le Bd St-Michel, puis la rive droite avec montée sur la butte Montmartre, une montée que j'avoue éviter : le sol est gelé, et j'ai une confiance relative dans le freinage ! Nous faisons un arrêt café sur la place Vendôme où la Ford est bien entourée, avec deux Bugatti à ses côtés (pas de jalousie : les trois voitures laisseront chacune une petite flaque d'huile après leur départ...), puis nous repartons par la Concorde et rejoignons le Trocadéro pour l'arrivée.

l'Avignon Motor Festival est une belle exposition de voitures anciennes organisée fin mars. Parallèlement Jean-Pierre Palun, un cyclecariste de longue date, organise autour de la cité des papes le trophée Jacques Potherat. Il me propose de les suivre avec la Ford, qui fera office d'assistance pour trimbaler un peu de matériel (Effectivement, je vais récupérer quelques roues de secours et des bagages !). Quel plaisir de rouler sur ces petites routes baignées par le soleil du midi, qui donne un avant-goût de vacances !
J'ai même le plaisir de rouler sur la Nationale 7 jusqu'à Sénas dans les Bouches-du Rhône. Au retour, je me retrouve avec un mistral à décorner les bœufs, qui freine la Ford bien plus efficacement que ses freins ! Quand aux côtes... les 20 chevaux sont à la peine : tout est une question d'élan, ou de couple, il faut choisir la bonne allure. Dans un petit village étroit où l'on ne peut se croiser et encore moins se garer, la Ford se met à tourner sur trois cylindres au milieu d'une montée. Je parviens à sortir de là et je me gare. En ouvrant le capot, je constate que la barre qui relie le radiateur au tablier s'est dévissée et touche une bougie : ouf, ce n'est que ça ! En tout cas, un bien beau week end où j'ai retrouvé beaucoup amis, et qui mérite le chemin parcouru avec le vieux camion plateau. En repartant le dimanche après midi, j'arrive à Paris à 3h 30 le lundi matin !
En avril, le magazine Gazoline invite les Ford T à sa réunion mensuelle dans les Yvelines. Plusieurs viennent de Rambouillet, ce qui fait déjà loin, mais je ne peux pas venir avec la mienne, et pour cause : le week-end a été très mouvementé sur la route, et plusieurs voitures endommagées remplissent le hangar de Depann'2000, bloquant ma voiture !

Au mois de mai, l'Amicale Salis à La Ferté-Alais me demande d'exposer la Ford à côté de l'avion de Blériot (c'est le centenaire de la traversée de la Manche) pour le traditionnel meeting de Pentecôte (Même si elle date de 1926, elle pourra faire illusion avec ses roues en bois...). Je ne peux y aller, mais je l'emmène par la route et le la laisse après un petit cours de conduite à l'un des pilotes qui n'aura qu'à la bouger deux ou trois fois...
Début juin, c'est la Locomotion en Fête, où j'organise le Camping de la Nationale 7, une reconstitution de camping à l'ancienne. La Ford est restée sur place, mais tout ce qu'ils ont pu faire en essayant de la bouger, c'est de vider la batterie. Sans possibilité de la recharger, il faudra pousser un peu la voiture au début ! Le moteur commence à être bien rodé, ce qui permet de la démarrer aussi plus facilement à la manivelle. Je la ramène le dimanche soir à Paris avec Nicolas et nous ne connaitrons qu'une seule panne en nous retrouvant sur trois cylindres à l'entrée d'Antony sur la N20. C'est une bobine à trembleur qui est tombée en panne, rapidement changée !

N'ayant pas le temps d'aller à la concentration annuelle des Ford T qui a lieu fin juin en Saône et Loire, j'emmène la camionnette en Normandie pour l'été, où j'aurai l'occasion de me balader et de la faire découvrir à mes neveux américains, qui ont beaucoup de mal à comprendre que ce vénérable ancêtre, même s'il a été construit en France, est originaire des USA.
Parmi les anecdotes, nous la laissons un jour garée dans le centre d'Honfleur, pendant que nous allons faire une balade avec Sophie. Difficile de la récupérer, tellement de gens sont autour, pour se faire photographier ! Quand nous expliquons à l'un d'eux qu'il doit nous laisser la place car nous souhaiterions repartir, il nous dit qu'il pensait que c'est la ville qui l'avait mise là pour faire une animation !... La Ford reviendra sur Paris à la fin du mois d'octobre pour hiverner tranquille...

18 décembre 2010

Peugeot 404 SL 1964 - 06 : Coup de Chaud sur la Route Bleue

Après ce printemps d'entretien et de remise en forme, la 404 semble prête à affronter l'épreuve de l'année, la « Route Bleue 1965 » que nous organisons avec Sophie : 1000 kilomètres de Paris à Menton, le troisième rallye du genre. Seule alerte, une petite fuite au radiateur la veille du départ... Avec un produit miracle fourni par Andrew, la fuite disparait et nous arrivons tranqille pour le départ place d'Italie le matin du dimanche juillet 2009... Parmi les voitures engagées, deux rares Isetta BMW, appartenant à Michel Dartevelle et à Frank Soete

La première étape va de Paris à Moulins. Il va pleuvoir quasiment toute la matinée qui nous emmène jusqu'à Briare pour le déjeuner. Elle cessera ensuite, mais deux véhicules nous donnent du soucis. l'Isetta de Frank a cassé une canalisation de frein, et n'en n'a plus (!) et la Volvo 544 de Philippe de Smet laisse échapper un vilain bruit de distribution... À St-Pierre-le-Moutier, je décide de prendre la Volvo en remorque avec la 404 jusqu'à Moulins, pour éviter de faire tourner le moteur pour la trentaine de kilomètres qui restent. les Volvo sont des voitures solides, ça, tout le monde le sait. mais quand il faut les tracter, on s'aperçoit qu'elles sont aussi très lourdes ! À se demander même si on n'a pas oublié d'enlever le frein à main quand on démarre avec la 404. Heureusement, une fois lancés, ça va mieux. Nous laisserons finalement les deux voitures en panne chez des amis, au garage Peugeot de Moulins.

Le lendemain, nouvelle grande étape jusqu'à Valence. Nous arrivons en retard à Neulise où toute la ville nous attend pour le déjeuner dans une ambiance de fête. Puis nous gagnions St-Etienne pour s'attaquer aux pentes du Col de Grand Bois... 13 kilomètres avec 8% de pente sur quelques passages. Par rapport à la veille, il fait très chaud. Certaines voitures font un peu de vapor-lock (phénomène où l'essence se volatilise à cause de la chaleur avant d'arriver au carburateur), mais tout le monde arrive au sommet tant bien que mal ! Après une pause au Chalet du Grand Bois, nous redescendons jusqu'au Rhône et faisons étape à Valence...

Les deux étapes suivantes nous mènent jusqu'à Grasse, avec un arrêt déjeuner à Piolenc et une nuit à Aix-en-Provence. À Tourves, en accord avec la Municipalité, nous avons organisé un petit embouteillage comme à l'époque avec quelques collectionneurs locaux... Paris gagné, le village est complètement bloqué ! Il faut dire que la largeur de la Nationale 7 ne dépasse pas quatre mètres en centre-ville ! Pendant ces deux jours, je laisserais régulièrement la 404 aux « malchanceux » du rallye, ceux dont nous avons laissé les deux voitures à Moulins...


Le jeudi 16 juillet 2009, la dernière étape nous emmène jusqu'à Menton, et même plus loin puisque nous allons déjeuner en Italie. Le retour se fait par l'autoroute, sans effort particulier : le trafic est très dense, et ne permet pas de rouler vite. Sophie et moi sommes montés dans la Renault Prairie des Vertongen, laissant la 404 à Damien Allouis qui emmène trois autres participants. Soudain, ils sont obligés de s'arrêter en catastrophe sur la bande d'arrêt d'urgence : la température de l'eau dépasse 100° ! C'est la première fois que cela arrive. Pour faciliter le refroidissement, Modeste Tréhin ouvre le bouchon, et se brule avec l'eau bouillante, heureusement sans gravité... Ils refont l'appoint d'eau (il faut toujours avoir de l'eau dans le coffre, surtout l'été, je ne le répèterai jamais assez !) et reviennent sans problème jusqu'à Grasse.

Nous nous servirons finalement peu de la 404 vacances de l'été. Je pense qu'inconsciemment, j'avais un peu peur d'être confronté de nouveau à ce phénomène de chauffe inexpliquée. Je vais plutôt en profiter pour faire un peu d'entretien...
(À suivre)

6 décembre 2010

Ford T Speedster - 03 : Les Travaux (2010)

Au début de l'année 2010, les speedsters sont sur leurs roues chez le docteur T, mais attendent leur mécanique. Je récupère les réservoirs fabriqués par Frank au mois de février, et nous les amenons à Stenay en mars, ce qui va permettre de fabriquer la caisse arrière. Jean-Pierre aurait préfèré un arrière plus dépouillé, plus sportif, mais c'est moi qui ait voulu cette petite caisse pour pouvoir emmener un minimum de choses sans risquer de les perdre sur la route ! Les baquets fabriqués par Jean-Pierre et son fils Sylvain sont prêts et partent chez le sellier pour être garni.

Au mois de mai, on peut enfin se faire une idée du résultat, et ça me plait beaucoup : les caisses ne sont pas trop grosses, ce qui risquait de faire ressembler les voitures à un pick-up, et nous pouvons déterminer où placer les roues de secours sur la face arrière... Nous faisons quelques essais de chargement pour voir comment la suspension évolue avec la charge, car les réservoirs contiendront plus de 60 litres d'essence (de quoi faire 350 kilomètres...), ajoutés aux occupants et à quelques bagages. Mon speedster est équipé du fameux pont Ruckstell à deux rapports, et nous déterminons où doit se trouver le levier, à priori à l'extérieur du châssis sur la gauche.
L'atelier du docteur T en mai 2010...

Le 28 juillet 2010, avec Modeste, nous amenons sur plateau un camion Ford TT (1000 kg de charge, chassis long) pour que Jean-Pierre le remette en route. Nous retrouvons Pierre qui arrive de Belgique. C'est un grand jour : Jean-Pierre s'est démené pour qu'un des speedsters soit roulant (c'est celui de Modeste), nous allons pouvoir faire nos premiers tours de roues ! Nous pouvons enfin nous lancer sur le chemin devant l'atelier, et voir quelles sont les conditions de conduite : bien coincé dans les baquets, il faut juste se pencher un peu pour attraper le levier de frein/embrayage, mais moins que dans une Ford T normale. Par contre, en l'absence de pare-brise, les lunettes sont indispensables. Pour Pierre, c'est le baptême de la conduite si particulière des Ford T dont il prend le volant pour la première fois, et il se débrouille très bien !

Nous faisons le point sur la suite des travaux, et notamment ce qu'il manque encore... Il va falloir des pneus neufs et nous sommes tous d'accord pour les équiper de radiateurs neufs, à commander aux USA. Après ma bielle coulée dans la côte de Bouillon, il est hors de question de mégoter sur la qualité du refroidissement ! Nous nous mettons aussi d'accord sur la couleur. Ils seront tous identiques pour renforcer le côté «Team Ford», un beige clair  façon désert. Il faudra aussi un bout de tube inox pour les échappement.

Au mois d'octobre, les trois speedsters sont peints, et Jean-Pierre peut entamer le montage final. Nous avions prévu qu'ils soient terminés à la fin de l'année, mais le délai sera difficile à tenir, d'autant qu'il faut aussi s'occuper des modalités d'immatriculation avec la FFVE pour obtenir les cartes grises de collection et commander les radiateurs. En novembre, les pneus sont là, mais il manque encore les radiateurs et les cartes grises : la FFVE est en train de déménager et accumule un peu de retard. Il ne pourront s'occuper des dossiers qu'au mois de décembre. Cela ne nous empêche pas d'admirer les voitures dont le montage est presque terminé... Si tout va bien, ellles devraient être terminées en janvier... Il faut qu'on roule un peu avec car on a un beau projet pour le mois de mars : descendre au Salon d'Avignon par la route, et participer au Trophée Potherat, une belle balade de cyclecars !
Détails du poste de conduite, du compartiment arrière et du moteur...
Les trois speedsters en novembre 2010.